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La Fondation Elon Musk distingue NetZero, entreprise co-fondée par l'un de nos étudiants

Jeudi, Mai 12, 2022 - 11:39

Olivier Reinaud est actuellement en 5e année en double diplôme Sciences Po Lyon X EM Lyon. Avec son entreprise NetZero, il vient de remporter la première étape* du concours XPRIZE Carbon Removal, lancé par Elon Musk en 2021 afin d’encourager le développement de techniques innovantes pouvant réduire le dioxyde de carbone atmosphérique. Ayant obtenu le statut d’étudiant entrepreneur, il est actuellement en stage de fin d’études au sein de son entreprise. 

 

Comment êtes-vous entré à Sciences Po Lyon ?

 

Après le Bac, j’ai fait deux ans de classe préparatoire économique et commerciale puis je suis rentré à l’EM Lyon. J’ai ensuite postulé au double diplôme entre l’EM Lyon et Sciences Po Lyon parce que j’ai toujours été intéressé par le côté science politique, géopolitique, histoire, matières que je n’avais pas beaucoup rencontrées dans mon parcours en école de commerce. Mon dossier a été retenu et c’est comme ça que je suis rentrée en 4e année, en secteur Affaires Publiques puis en 5e année spécialité évaluation et suivi des politiques publiques.
Ce double diplôme est très complémentaire : d’un côté, la prépa et l’école de commerce sont très centrées sur l’économie et les mathématiques ; de l’autre Sciences Po Lyon m’apporte des connaissances en histoire et en science politique.

 

Pouvez-vous nous présenter le projet avec lequel vous avez remporté la première étape du Prix XPRIZE ?

 

Avec 3 autres fondateurs, nous avons monté une start-up en 2021, baptisée NetZero. NetZero est une entreprise qui agit dans le cadre de la lutte contre le changement climatique en retirant et stockant durablement du carbone en dehors de l’atmosphère par une méthode innovante. 

Vous avez deux façons complémentaires de lutter contre le changement climatique. Le premier volet, dont on entend parler le plus souvent dans les médias est la réduction à la source des émissions (utilisation de procédés moins polluants, utilisation de systèmes de production d’énergie moins polluants, etc). Le deuxième volet, moins mis en avant mais néanmoins important est la séquestration carbone, par des solutions naturelles ou technologiques. Cette approche consiste à retirer du carbone de l’atmosphère et le stocker durablement en dehors de l’atmosphère pour éviter qu’il ne contribue au réchauffement climatique. C’est essentiel de stocker du carbone car quoi que l’on fasse, on va avoir pendant encore plusieurs décennies de nombreuses émissions de carbone résiduelles incompressibles. Or, pour atteindre l’objectif fixé dans les Accords de Paris, il va falloir retirer une quantité équivalente de carbone de l’atmosphère pour atteindre la neutralité. Il faut ainsi développer des solutions qui permettent à grande échelle de retirer du carbone de l’atmosphère et le stocker en dehors. C’est ce que nous cherchons à faire avec une solution très peu connue : le biochar.

Son principe repose sur les plantes, car celles-ci captent le carbone de l’atmosphère par le biais de la photosynthèse puis, lorsqu’elles se décomposent, relâchent le carbone qu’elles avaient capté. Il est possible d’enrayer ce cycle si on récupère de la biomasse fatale, c’est-à-dire des résidus végétaux, et que l’on extrait le carbone de ces résidus grâce à la pyrolyse. On stabilise ensuite le carbone sous forme solide inerte pendant des centaines d’années, évitant ainsi qu’il ne retourne dans l’atmosphère. Au final, on réduit la concentration de carbone dans l’atmosphère et on lutte contre le changement climatique.

Ce n’est pas nous qui avons inventé le biochar, il est étudié depuis une trentaine d’années non seulement sur son volet climatique mais aussi agricole. En effet, si on mélange le biochar à des terres agricoles, on augmente considérablement la rétention d’eau et de nutriments dans les sols et en conséquent la productivité agricole. Le biochar est la solution qui permet de répondre à deux problématiques en même temps : lutter contre le changement climatique et améliorer de façon soutenable l’agriculture. 

NetZero cherche à porter à grande échelle cette solution, notamment dans les pays en développement situés au niveau de la zone tropicale afin de maximiser les co-bénéfices sociaux en plus du volet climatique. Concrètement, NetZero récupère des résidus agricoles de décorticage de café (la parche de café), en extrait le carbone et le remet dans le sol. 

 

Que vous a apporté votre scolarité à Sciences Po Lyon et à l’EM Lyon dans le développement de ce projet ?

 

De mon parcours à l’EM Lyon, je retire plutôt la partie business et de mon parcours à Sciences Po Lyon, le volet institutionnel et politique. Mes cours à Sciences Po Lyon me permettent notamment d’analyser comment les institutions et les pouvoirs publics se saisissent de la question climatique. J’ai aussi plus de clés pour porter un message politique fort auprès des pouvoirs publics et institutions. À ce sujet, je me permets un petit aparté : l’exemple du climatologue Jean Jouzel (qui est aussi l’un des co-fondateurs de NetZero) est particulièrement inspirant pour porter le message de l’urgence climatique dans le débat public. 

 

Quelles seront les suites de votre projet ?

 

Aujourd’hui, nous avons déjà construit une usine au Cameroun et nous sommes au total plus de 70 personnes à travailler chez NetZero. Cette première usine est fonctionnelle : on traite chaque année 8 000 tonnes de résidus agricoles en entrée et on produit 2 000 tonnes de biochar. Notre objectif est d’optimiser ce procédé : le tester, le rendre plus efficace, moins cher, plus simple à opérer. Pour cela, nous avons des personnes très qualifiées qui travaillent sur le volet R&D. C’est d’ailleurs à ce volet que nous allons consacrer l’intégralité des 1 million de dollars que nous avons remportés avec XPRIZE. Ce Prix nous apporte également une visibilité internationale forte ainsi qu’un intérêt médiatique et financier important. Ce prix nous positionne donc très favorablement pour la levée de fonds que l’on veut faire cet automne. On a par ailleurs des plans de développement au Brésil, puisqu’on finalise des accords pour construire un nouveau site au Brésil cette année.

D’un point de vue personnel, je termine mon stage de fin d’études et je soutiendrai mon mémoire à l’automne ; j’attends avec impatience la traditionnelle cérémonie de remise des diplômes en février 2023 !

 

Pour plus d’information sur NetZero : www.netzero.green

 

*Le concours est organisé en deux étapes : la première (que vient de remporter NetZero) visait à sélectionner les 15 projets les plus prometteurs, parmi plus de 1000 ; la deuxième, prévue en 2025, distinguera les trois meilleurs projets, avec comme récompense des dotations en capital de 10, 20 et 50 millions de dollars. Entre temps, le concours est ouvert à de nouveaux candidats.