Le 8 juin prochain, Sciences Po Lyon reçoit les Journées Gide 2023 sur le thème “Les économistes français et les transformations de l’analyse économique, de Charles Gide à Esther Duflo”, de 10h30 à 18h30 en amphithéâtre Lucie et Raymond Aubrac (campus de Lyon).
L’histoire de la pensée économique a depuis longtemps identifié des différences notables entre traditions nationales – américaine (Barbour, Cicarelli et King 2017), espagnole (Almenar et Llombar 2009), italienne (Faucci, 2014), portugaise (Psalidopoulos et Mata 2002), irlandaise (Boylan, Prendergast et Turner 2015), russe (Barnett 2009), entre autres. La pensée économique française s’est longtemps singularisée autour de marqueurs forts (Dockès, Frobert, Klotz, Potier et Tiran (éds.) 2001, Breton et Lutfalla 1991). Jusqu’en 1945, les débats sont vifs entre des économistes libéraux déclinants, mais toujours influents, et une hétérodoxie croissante, marquée notamment par les contributions de Charles Gide ; les ingénieurs économistes contribuent aux développements les plus perfectionnés de l’économie mathématique (Maurice Allais, René Roy), dans la lignée de leurs prédécesseurs Jules Dupuit, Clément Colson et François Divisia ; et les débats monétaires sont riches et porteurs (Jacques Rueff, Bertrand Nogaro, Albert Aftalion, Charles Rist).
Après 1945, le centre de gravité de la pensée économique se déplace aux États-Unis. La discipline s’internationalise et les spécificités nationales s’atténuent. La France conserve toutefois des spécialités fortes, dans le champ de la macroéconomie (Edmond Malinvaud, Maurice Allais), des modèles d’équilibre général (Gérard Debreu, Jean-Michel Grandmont) de la comptabilité nationale (Pierre Uri, Charles Prou), des théories de la décision (Maurice Allais), de l’économie industrielle (Marcel Boiteux), de l’économie internationale (François Perroux) ou de la théorie monétaire (Michel Aglietta, Jean Cartelier) et voit se développer des courants critiques influents (écoles de la régulation avec Robert Boyer ou Bruno Théret, économie des conventions avec Olivier Favereau ou André Orléan). Plus récemment, les économistes français se sont illustrés dans l’étude de la justice sociale et des inégalités (Serge-Christophe Kolm, Thomas Piketty, Emmanuel Saez, Gabriel Zucman), en économie publique (Jean Tirole, Jean-Jacques Laffont), dans les expérimentations randomisées (Esther Duflo). Certains ont fait tout ou partie de leur parcours intellectuel à l’étranger, tout particulièrement aux États-Unis (Olivier Blanchard, Thomas Piketty, Gabriel Zucman, Esther Duflo), tandis que d’autres ont fondé ou développé des laboratoires et écoles en France (Jean Tirole, Robert Boyer). Enfin, les femmes économistes ont commencé à devenir visibles, obtenant pour certaines des reconnaissances scientifiques importantes (Esther Duflo, Stefanie Stancheva).
À l’occasion du quarantenaire de l’Association Gide, les Journées mettront à l’honneur la pensée des économistes français depuis la fin du 19e siècle, en s’interrogeant sur leurs contributions dans les transformations de l’analyse économique, à différentes époques.
Les Journées Gide 2023 sont organisées et soutenues par Triangle (UMR CNRS 5206), l’Université Lyon 2, Sciences Po Lyon , l’Université Lyon 3 et l’iaelyon School of management.