Découvrez le 2e portrait de la série “Portraits de femmes de Sciences Po Lyon”.
Tout au long du mois de mars, Sciences Po Lyon vous présente sa série “Portraits de femmes de Sciences Po Lyon”. Aujourd’hui, découvrez le portrait de :
Laure Devaux
Développeuse et administratrice de base de données au sein du Service Informatique de Sciences Po Lyon.
Qui êtes-vous ? Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Je suis Laure Devaux, cela fait maintenant deux décennies que je travaille au service informatique de Sciences Po Lyon.
Suite à des études en Psychologie, science humaine que j’avais soif de connaître, j’ai effectué divers emplois, me donnant l’occasion d’être en cuisine puis dans un bureau, au sein de l’éducation nationale.
Petit à petit l’idée a germé de me reconvertir dans l’informatique.
L’IUT m’a offert cette possibilité, je suis retournée sur les bancs de l’école pendant une année pour obtenir un diplôme en informatique de gestion. Nous étions quelques adultes à suivre ce cursus en formation continue, en compagnie d’autres étudiants qui avaient eu eux aussi un parcours varié. Je garde un très bon souvenir de cette période, bien que le programme était chargé.
Mon premier emploi dans ce domaine a été au rectorat où je me suis familiarisée avec les applications de gestion des ressources humaines et où j’ai pu mettre à profit mes nouveaux talents en “SQL”, langage spécifique aux informaticiens et permettant d’extraire des données précieuses pour les gestionnaires.
Forte de cette expérience, j’ai réussi un concours qui m’a menée dans notre établissement. Je l’avoue cela a été pour moi l’occasion de découvrir un Institut d’études politiques.
Tout en évoluant dans mon métier, pour un poste qui demandait de la polyvalence, j’ai bénéficié de l’ouverture d’esprit inhérente à ce lieu. J’ai vécu plusieurs mutations de l’établissement, dont le diplôme qui était en trois ans à mon arrivée, et maintenant en cinq ans. Le service informatique a été partie prenante de l’autonomie de plus en plus importante vis à vis de l’université. Cela a été l’occasion de structurer le service en spécialisant les équipes, les nouveaux collègues m’ont aidée à progresser techniquement tandis que ma connaissance de l’établissement leur était précieuse. Travailler au sein de cette équipe, où je suis la seule femme, au service des collègues ou des étudiants, est source de beaucoup de satisfactions.
Est-ce qu’être une femme a eu une incidence pour vous dans votre trajectoire professionnelle ?
Je n’ai jamais eu l’impression qu’être une femme était un problème au cours mon évolution professionnelle. Je dirai plutôt que la “féminisation” ou la “masculinisation” de certains domaines ont eu une incidence sur les gens que j’ai pu côtoyer. En fac de psycho les étudiants étaient essentiellement des filles. A l’IUT en informatique les étudiants étaient essentiellement des garçons. Cela crée un manque de mixité qui est vraiment dommage.
Il est maintenant obligatoire d’organiser des comités de sélection qui respectent la parité, ce qui peut être compliqué pour un établissement de petite taille et qui fait que mes collègues masculins peuvent être amenés à participer à des recrutements principalement pour cette raison.
Comment avez-vous vécu l’évolution des luttes pour les droits des femmes au cours de votre carrière ?
Dans notre pays, à l’heure où j’ai commencé ma carrière, les droits étaient déjà en place. Les mentalités, elles, mettent plus longtemps à évoluer. A mon arrivée à Sciences Po Lyon, il n’y avait pas d’instance spécifique comme aujourd’hui où l’on a maintenant des interlocuteurs privilégiés pour traiter des violence sexistes et sexuelles. Cependant des dérives pouvaient se produire, et je me souviens qu’elles ont été sanctionnées.
Aujourd’hui l’établissement dépense beaucoup d’énergie sur ce sujet, pour éveiller les consciences, protéger et accompagner les personnes ainsi que veiller à ce qui peut se passer sur les réseaux sociaux. D’un point de vue plus général, une femme seule peut élever ses enfants en choisissant de travailler ou non, ce qui était impossible des années en arrière.
Y a-t-il des femmes qui ont été des modèles pour vous ou qui vous ont inspirée ?
Je peux dire que les femmes qui m’ont accueillie et formée dans les différents postes que j’ai occupés ont eu beaucoup d’importance pour moi. Parmi mes collègues, si Sciences Po Lyon fonctionne aujourd’hui, indépendamment de l’université, c’est parce que plusieurs femmes ont fait preuve de talent et ont consacré toute leur énergie à notre établissement.
En traversant les frontières, je viens de découvrir le parcours de Marina Silva, analphabète jusqu’à ses 16 ans et aujourd’hui ministre de l’environnement du Brésil, je suis admirative à la fois du chemin qu’elle a parcouru et de sa détermination.
Je profite de ces lignes pour rendre hommage à Elsa Cayat, psychiatre, psychanalyste et journaliste tuée dans l’attentat contre Charlie Hebdo.
Tout au long de ma vie j’ai rencontré des amies, qui faisant à face à des situations que je n’aurais pas su affronter, m’ont ouvert un chemin. Enfin pour ce qui est plus intime, ma mère, couturière, m’a transmis le goût de la couture et du jardinage.
Si on vous dit “Lutte pour les droits des femmes” que répondez-vous en 3 mots ?
Education – Justice – Indépendance